Bouger avec une maladie cardiovasculaire : ce qu’il faut savoir

Lorsqu’on vit avec une maladie cardiovasculaire, la tentation est grande de vouloir ménager son cœur au maximum. Certains pourraient même penser qu’ils n’en ont pas besoin : après tout, on se sent nettement mieux après la pose d’un “stent” ou l’intégration de certaine médication.

Bouger ? Ça semble risqué, voire contre-intuitif. Pourtant, l’activité physique fait partie intégrante de la prise en charge. Ce n’est pas un "plus" à envisager quand tout va bien : c’est un levier thérapeutique à part entière.

Dans cet article, on fait le point sur :

  • Les bénéfices de l’activité physique en contexte de maladie cardiovasculaire

  • Les types d’activités qui peuvent être envisagés en toute sécurité

  • La manière d’adapter l’effort pour respecter ses limites

  • L’importance de rétablir une relation de confiance avec son corps

Pourquoi continuer à bouger malgré une maladie du cœur ?

Les maladies cardiovasculaires regroupent des réalités diverses : infarctus (plus connu sous le nom de crise cardiaque), insuffisance cardiaque, hypertension artérielle, entre autres. Dans tous ces cas, le cœur a été mis à l’épreuve, et continue de l’être. C’est précisément pour cette raison qu’il a besoin de mouvement adapté, progressif et bien encadré.

Ce que les données scientifiques confirment :

  • L’exercice physique améliore la fonction cardiaque et la capacité à l’effort.

  • Il contribue à stabiliser la tension artérielle, le cholestérol et la glycémie.

  • Il améliore la circulation sanguine, renforce l’endurance et diminue l’essoufflement au quotidien.

  • Il a aussi un impact positif sur le sommeil, l’humeur, la gestion du stress et la qualité de vie.

Autrement dit : bien utilisé, le mouvement renforce les capacités d’adaptation du corps — y compris celles du cœur. Quand on y pense, le coeur, c’est un muscle. En l’entraînant et en lui rendant la tâche plus facile, on améliore nécessairement sa capacité à fonctionner… et la nôtre par le fait même.

Il faut également savoir que même si notre coeur ne reviendra pas comme neuf, l’amélioration des capacités des autres systèmes (musculosquelettique, vasculaires, respiratoires) aura un impact majeur sur le coeur. Pour que notre corps fonctionne correctement, ça demande un travail d’équipe entre les différents systèmes. Si le sang a moins de difficulté à circuler dans le corps, et que mes muscles sont très efficaces dans leur utilisation des ressources qui leur sont apportées, le coeur n’a plus besoin de travailler en over-time.

Allons encore plus loin : plusieurs études dans les dernières années ont même démontré que la réadaptation cardiaque, lorsqu’elle inclut l’activité physique, permettait de réduire significativement le risque de refaire un infarctus. Quant à moi, et je suis sûrement biaisée, bouger lorsqu’on a des problèmes au coeur, c’est un no-brainer !

Quel type d’activité privilégier ?

Il n’existe pas d’activité unique à recommander. Le choix dépend de plusieurs facteurs : votre condition actuelle, vos traitements, vos limitations physiques et vos préférences. L’idée n’est pas de “performer”, mais de créer une routine sécuritaire et bénéfique. Il existe toutefois des recommandations en terme d’activité physique pour cette population. Celles-ci représentent un objectif à atteindre, et non un point de départ : c’est important de le garder en tête. Surtout si l’on débute une remise en forme alors que l’on était sédentaire auparavant!

Voici les recommandations générales pour les maladies cardiovasculaires (basées sur Guidelines of Exercise Testing & Prescription de l’American College of Sports Medicine) :

  • Bouger souvent, idéalement 30 minutes par jour

  • Prioriser les activités de type cardiovasculaires à intensité modérée

    • Marche, natation, vélo, eliptique, etc.

    • On doit être en mesure de discuter, mais tout de même sentir un effort.

  • Pratiquer de la musculation, en endurance, 1 à 3 fois par semaine

    • Miser sur les exercices qui travaillent plusieurs muscles en même temps

    • Squat, push-up au mur, fentes, tirades, etc.

  • Intégrer des étirements doux à notre routine 1 à 3 fois par semaine

La régularité prime sur l’intensité. Même des sessions courtes, répétées dans la semaine, ont un impact mesurable sur la santé cardiovasculaire.

Comment savoir si l’on reste dans une zone d’effort sécuritaire ?

Ce point est essentiel, surtout après un événement cardiaque. Il ne s’agit pas de “forcer” à tout prix. L’objectif est d’être actif, sans danger ni inconfort excessif.

Voici quelques repères utiles :

  • Vous devez pouvoir parler pendant l’activité, même si la respiration est un peu plus rapide.

  • Si vous ressentez des douleurs à la poitrine, un essoufflement marqué, des palpitations inhabituelles ou des étourdissements, arrêtez l’activité et consultez.

    • Ayez toujours votre pompe de Nitro à portée de main, au cas où

    • Un.e kinésiologue expert.e en réadaptation cardiaque pourra vous guider sur l’adaptation de vos efforts, et sur le bon protocole d’utilisation de la nitro à l’effort.

  • Les courbatures après un effort ne devraient pas durer plus de 48 heures après une séance d’entraînement.

Avec le temps, ces repères deviennent plus familiers. L’idée est d’apprendre à écouter les signaux du corps sans les interpréter systématiquement comme des alertes. C’est pourquoi un suivi en kinésiologie est un atout important pour s’assurer que l’on fait bien les choses.

Reprendre confiance en ses capacités physiques

Après un diagnostic ou un événement cardiaque, il est fréquent de perdre confiance en son corps. L’exercice, bien dosé, peut jouer un rôle clé dans le rétablissement de cette confiance. C’est aussi un moyen concret de reprendre du pouvoir sur sa santé.

Il n’est pas nécessaire de tout faire seul. Les kinésiologues impliqués dans les programmes de réadaptation cardiaque, en clinique, en virtuel, ou à domicile sont là pour accompagner ce processus. Leur rôle est justement d’adapter l’activité à chaque profil, et d’aider à faire les bons choix en toute sécurité.

En résumé

L’activité physique n’est pas contre-indiquée en cas de maladie cardiovasculaire. Bien au contraire. Elle est reconnue comme un traitement non pharmacologique efficace, sécuritaire et essentiel. Elle permet non seulement d’améliorer les paramètres biologiques, mais aussi de retrouver un équilibre global — physique, psychologique et social.

Commencer doucement, se faire accompagner, ajuster ses attentes : voilà les clés d’une pratique durable.

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